ST. JOHN’S – Beaucoup des quelque 4 000 athlètes qui participent aux Jeux du Canada s’endormiront mercredi en rêvant aux Jeux olympiques ou paralympiques, mais pas le paracycliste doublement médaillé d’or d’Équipe Québec, Joseph Vachon, qui a régné sur les routes de St. John’s.
Les Jeux paralympiques de Los Angeles 2028 sont un objectif séduisant pour ce jeune homme de 27 ans, mais ce n’est pas ce dont il rêve. Ses rêves portent sur autre chose.
« Les Jeux paralympiques, ce n’est pas un rêve, mais c’est un bon objectif », dit
Vachon, la médaille d’or qu’il vient de remporter mercredi à l’épreuve masculine de
paracyclisme sur route pendue au cou.
« Un rêve pour moi serait de marcher de nouveau. »
« Mais si je le peux, j’aimerais voir où cela peut me mener. »
À en juger par ses résultats aux Jeux du Canada, il ne semble pas y avoir de
limite pour Vachon, surtout si l’on considère qu’il ne s’était jamais assis sur un paravélo,
et encore moins qu’il avait participé à une compétition, jusqu’au mois dernier.
Vachon a annoncé son arrivée en remportant une médaille d’or à l’épreuve de
contre-la-montre en paracyclisme lundi, puis en dominant la course sur route avec près
de 10 minutes d’avance sur le médaillé d’argent d’Équipe Ontario, Daniel Bigu.
Il y a à peine deux mois, Vachon n’avait jamais entendu parler de paracyclisme,
mais une rencontre fortuite au marathon d’Ottawa a éveillé l’intérêt du jeune athlète à la
recherche d’occasions après un accident de travail qui l’a laissé paralysé deux ans plus
tôt.
« J’ai fait le demi-marathon en fauteuil roulant et j’ai rencontré un autre
Québécois qui avait fait le marathon et qui m’a mis en contact avec la Fédération
québécoise de cyclisme », raconte Vachon. « On a communiqué avec moi et on m’a dit
qu’on avait besoin d’un athlète pour participer aux Jeux du Canada. »
« Je ne suis pas du genre à refuser un défi, alors j’ai dit : "Bien sûr, allons-y, et en
passant, c’est quoi le paracyclisme?" »
Ainsi, au début du mois de juillet, Vachon a commencé à s’entraîner sur un vélo
emprunté et s’est soudainement trouvé membre d’Équipe Québec qui se préparait à
défiler à la cérémonie d’ouverture des Jeux du Canada.
« J’aime ça. J’aime le défi », a souri Vachon. « C’est un bon sport pour moi,
parce que j’aime être dehors et j’aime faire des sports difficiles. »
« J’ai fait du combat Muay Thai auparavant, j’ai donc pratiqué beaucoup d’arts
martiaux et maintenant que je suis en fauteuil roulant, c’est difficile à faire. »
« J’aime repousser mes limites. »
Si le parcours de Vachon jusqu’à la plus haute marche du podium ressemble à
un conte de fées, la route n’a pas été facile.
La vie de Vachon, arboriste, a basculé quand il est tombé d’un arbre et qu’il a
plongé sur 30 pieds jusqu’au sol, une tronçonneuse accrochée à lui.
Après l’accident, il a dû lutter pour faire face à sa nouvelle réalité, à la dépression
et à la douleur physique et mentale qu’il a tenté d’engourdir par l’alcool avant de se
tourner vers le sport.
« Je ne suis pas mort, et c’est génial », dit-il en riant. « Je suis tellement heureux
d’être en vie. »
« C’est un miracle. »
« Il y a quelques mois, j’ai traversé une période difficile et j’ai commencé à prier
et à essayer de vivre correctement, puis beaucoup de bonnes personnes sont entrées
dans ma vie. »
« Le sport fait partie de la vie, mais vous savez, la famille est plus importante. »